Blake et Mortimer: L’Art de la guerre

GENRE: BD // EDITION: Dargaud // AUTEURS: José-Louis Bocquet (Scénario), Jean-Luc Fromental (Scénario), Floc'h (Dessin, Couleurs) // SORTIE: novembre 2023

Encore un nouvel album de Blake et Mortimer ? C’est une question qu’on peut se poser tant les albums de la reprise de la célèbre série d’Edgar P. Jacobs se suivent à grande vitesse ces dernières années. Le dernier en date, “L’Art de la guerre”, se démarque nettement grâce à ses talentueux auteurs : Floc’h au dessin, Fromental et Bocquet au scénario.

Floc’h, illustrateur de renom, est connu des amateurs de BD pour sa ligne claire et élégante ainsi que son anglophilie. Il a créé quelques oeuvres marquantes du genre - Le Rendez-vous de Seven Oaks, la Trilogie du Blitz, la Trilogie anglaise, etc. - mêlant références théâtrales et un goût prononcé pour les jeux de pistes et la mise en abîme. Tout concourait donc à faire de Floc’h le candidat idéal pour reprendre la série.

Le ton est plus deuxième degré qu’à l’accoutunée avec des dialogues parsemés de touches d’humour (anglais forcément…). Floc’h imprime à l’album un style très cinématographique avec des clins d’oeil à Hitchcock (la boîte d’allumettes de la “La Mort aux trousses”) et aux films noirs hollywoodiens. Le dessin, très épuré, s’épanouit pleinement grâce à des grandes cases qui permettent des gros plans très réussis. L’album est parsemé de références pop que l’on déniche comme des oeufs de Pâques. On y voit par exemple le siège des Nations Unies et le hall de l’Assemblée générale magnifiquement reproduits, en hommage aux grands architectes du modernisme (Oscar Niemeyer, Le Corbusier), des boîtes de conserve Campbell (Warhol), une station service Mobilgas (Edward Hopper), un avion au design rétro futuriste (hommage à Chaland, précurseur dans les années 1980 du renouveau de la Ligne claire en BD).

Le scénario de Fromental et de Bocquet n’est pas en reste. Si les scénaristes s’amusent à maintenir quelques traditions - les deux aventuriers arrivent à New York à bord d’un vol de la BOAC et se dépêchent d’aller boire un verre au Penn Club, filiale américaine de leur cher Centaur Club - ils les placent aussi dans des situations nouvelles qui dynamisent le récit. Davantage de place est ainsi donnée à un personnage féminin, la doctoresse Shapiro, qui ne craint pas de tenir tête aux deux héros et leurs préjugés.

Au final, jeu de pistes, faux-semblants et stratégie militaire chinoise se croisent dans ce récit à la fois familier et plus décalé qu’à l’accoutumée.

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