GRIVE: Tales of Uncertainty

LABEL: Talitres // SORTIE: octobre 2024 // GENRES: expérimental, psychédélique

Grive est le projet d’Agnès Gayraud (La Féline) et de Paul Régimbeau (Mondkopf, Oiseaux-Tempête, Foudre!), deux musiciens expérimentés et expérimentateurs. Sur leur premier album en duo, ils délivrent en huit titres une musique libre, puissante et pleine d’aspérités.

L’album porte bien son titre : Tales of Uncertainty nous emmène dans des contrées oubliées, à la lisière des mondes connus. On serait tenté de donner des références cinématographiques plus que musicales pour décrire leur musique (Bagdad Café, Blue Velvet, Dead Man). Car on y traverse des paysages désolés où la beauté surgit où on ne l’attend pas… Des morceaux souvent lents, portés par la voix aérienne et lancinante d’Agnès Gayraud. De son chant nous parviennent des bribes de mots qui, mis bout à bout, finissant par créer une texture étrange, une sensation d’entre-deux mondes.

A la base de la musique de Grive, un subtil mélange de guitares et de production électronique qui inscrit la musique du groupe dans un format qui dépasse le rock. Hotel Room, par exemple, le titre qui ouvre l’album, est bâti sur une architecture avant tout électronique, drone, mélodie au synthé, boîte à rythme, la guitare étant confinée à un rôle de parasitage sonore.

On retrouve sur Burger Shack, le morceau le plus apaisé de l’album, la grâce qui était celle de Mazzy Star période So Tonight That I Might See. Sur un rythme aérien, la voix d’abord envoûtante devient incantatoire, portant le morceau, comme en une lente procession, vers une apogée hypothétique. Go Up The River est peut-être le joyau noir de l’album. Si les ingrédients sont toujours les mêmes - la voix d’Agnès Gayraud, la production électronique de Paul Régimbeau - le duo atteint des sommets de psychédélisme mélancolique : sur un rythme lent, hypnotique, se développe en crescendo une mélopée tourmentée, striée de guitares, de drones et d’effets de reverbs. Magistral… Quicksands (i.e. sables mouvants), autre réussite de l’album, nous emmène vers des terrains plus chaotiques encore. Les paroles scandées, les guitares lourdes et les sonorités métalliques propagent un sentiment diffus de danger dont on a de la peine à se défaire. Au final donc, un album splendide qui ne se laisse pas dompter tout de suite. Mais le plaisir en est encore plus grand.

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